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Propriétaires: à vos marques, prêts, rénovez!

Il y a beaucoup à faire pour optimiser énergétiquement notre parc immobilier. L’inertie du monde de la construction, la résistance des propriétaires, les complexités administratives ou encore le manque de main-d’œuvre qualifiée freinent les ambitions. Il est temps toutefois d’y réfléchir sérieusement aujourd’hui, pour ne pas être perdant demain.

Texte Joëlle Loretan
Publié le
26
/
09
/
2023
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Cet article à été réalisé en partenariat avec:

Est-ce encore utile de le répéter? Le taux de rénovation actuel du parc immobilier ne dépasse pas 1% par an en Suisse. À ce rythme, les réductions d’émissions dans le secteur du bâtiment prendront des décennies. De quoi rater nos objectifs 2050 de neutralité carbone. Car dans moins de 27 ans, le mazout et le gaz devront avoir quasiment disparu de nos conduites, alors même que près de 60% des bâtiments à usage d’habitation étaient chauffés aux énergies fossiles en 2021, selon l’Office fédéral de la statistique. L’ampleur de la tâche est immense.

«Il faut encore beaucoup d’efforts pour que les milieux de l’immobilier prennent pleinement conscience de la situation», constate Marc Muller, du bureau Impact Living. «De plus, la main-d’œuvre qualifiée pour assurer les travaux manque, la rénovation n’est pas enseignée dans les écoles d’architecture, les procédures administratives sont complexes et le cadre légal peine à suivre.» Ajoutez à cela des retards dans les livraisons de certaines fournitures (environ six mois pour les onduleurs de panneaux solaires et jusqu’à une année pour les pompes à chaleur) et des propriétaires qui tardent à s’y mettre et vous obtiendrez un fossé abyssal entre les velléités pour 2050 et la réalité actuelle.

Cela étant dit, si tous les propriétaires du pays se réveillaient demain, prêts à entamer leurs travaux de rénovation, il y a fort à parier que la cadence serait impossible à assumer, pour toutes les raisons évoquées précédemment. Mais entre le «beaucoup trop» et le «presque rien», il y a la voie du milieu.

Les chiffres

1 million - Le nombre de bâtiments – tous types d’affectation confondus – devant être assainis d’urgence dans notre pays (soit près d’un tiers)

23,9% - La part des émissions de CO2 imputable aux bâtiments  

44,4% - La part de la consommation totale d’énergie imputable au parc immobilier

60% - Le potentiel de réduction de la consommation d’énergie grâce à une meilleure isolation (enveloppe et fenêtres)

La transformation de cette maison des années 1960 a permis de réduire de 60% sa consommation d’énergie, malgré une surface chauffée trois fois plus grande.
Grâce aux mesures de rénovation énergétique, cette maison transformée produit plus d’énergie que nécessaire pour son fonctionnement durant une année.

Petit à petit, les propriétaires doivent refaire leurs nids

Directeur associé de Lutz Architectes, l’un des bureaux suisses pionniers en matière de constructions écologiques, Fabrice Macherel affirme que la rénovation a un impact environnemental beaucoup plus faible qu’une nouvelle construction. «Il est tout à fait possible de transformer les bâtiments pour qu’ils répondent aux exigences actuelles de confort, d’efficience énergétique et de qualités spatiales», explique-t-il. «Même quand ils paraissent démodés, trop petits ou inconfortables, les métamorphoses peuvent être spectaculaires, au point qu’il est souvent difficile de deviner qu’il s’agit d’une rénovation.»

De nombreux propriétaires n’ont toutefois pas les moyens financiers d’envisager une rénovation énergétique complète de leur bien. La solution? Y aller pas à pas; chaque bâtiment étant unique, l’ordre de priorité des travaux à engager sera différent d’une construction à l’autre. «La première chose à faire est d’analyser le bâtiment et de définir un concept global de rénovation, par exemple avec le CECB+», relève  l’architecte. Cet outil permet en effet de définir les travaux à faire par étapes, sans prétériter les interventions futures. «La priorité reste de diminuer la consommation d’énergie et, si possible, de remplacer le mazout

ou le gaz par une énergie renouvelable», ajoute-t-il. Et d’en appeler à une politique qui mette vraiment à disposition les moyens pour atteindre les objectifs 2050 dans les bâtiments. «Parce qu’à la vitesse où l’on va aujourd’hui, ça va être très difficile», conclut-il.

Aides et subventions - À quoi ai-je droit?

Déductions fiscales

Les dépenses consacrées à la rénovation des bâtiments sont déductibles de l’impôt sur le revenu. Les dispositions en la matière sont gérées par les législations cantonales. À noter que les investissements maintenant la valeur du bien peuvent être déduits des impôts, mais pas les investissements augmentant sa valeur, la qualification étant du ressort de chaque canton.

Programmes de soutien et subventions

Le Programme Bâtiments

C’est l’un des principaux outils de la Confédération à disposition des propriétaires et des institutions qui souhaitent rénover énergétiquement leurs biens immobiliers. À savoir que chaque canton dispose d’une marge de manœuvre, certains n’encourageant pas tout l’éventail des mesures du programme, d’autres le soutenant via des projets et des mesures supplémentaires.

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Francs énergie

Ce portail liste toutes les offres d’encouragement de la Confédération, des cantons, des communes et des fournisseurs régionaux d’énergie. En quelques clics, elle simplifie la recherche de soutien financier.

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Pronovo

Les panneaux photovoltaïques ne font pas partie du Programme Bâtiments, même si leur installation est encouragée par les cantons. L’aide financière se fait via Pronovo et/ou le distributeur local d’électricité, et parfois par les communes. Vous obtiendrez des compléments d’information utiles sur les diverses subventions en consultant le site des Services cantonaux de l’énergie et de l’environnement.

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Vous obtiendrez des compléments d’information utiles sur les diverses subventions en consultant le site des Services cantonaux de l’énergie et de l’environnement en visitant ce site.

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Rénover, oui, mais comment?

Voici quelques bonnes idées à garder à l’esprit pour tout propriétaire qui souhaite procéder à des travaux de rénovation énergétique.

Agir dès maintenant

S’il n’y a qu’une seule bonne idée à retenir, c’est d’y aller! Car la situation ne va pas forcément s’améliorer, prévient Marc Muller. «L’inflation déjà en marche risque de contrarier les projets des propriétaires qui auront tardé. Cela dit, nous menons de superbes projets avec des propriétaires qui ont compris qu’attendre, c’est faire les choses sous contrainte demain et que, stratégiquement, il est préférable de prendre les ressources disponibles aujourd’hui et de foncer.»

S’adresser à un expert

Adressez-vous à un expert en rénovation plutôt que directement à un artisan, conseille Fabrice Macherel, du bureau Lutz Architectes. «L’artisan n’a pas la vue d’ensemble du bâtiment et restera concentré sur son domaine d’expertise. L’expert va analyser l’ensemble du bâtiment (état du chauffage, des façades et de la toiture) pour proposer un concept de rénovation global.»

Penser économies à long terme

Rénover de manière écologique aujourd’hui, c’est réaliser des économies demain. Le calcul de rentabilité du Programme Bâtiments montre qu’il est rentable d’investir dans l’efficacité énergétique d’un bien immobilier. Et si l’investissement initial est plus élevé pour une rénovation énergétique de l’enveloppe que pour une rénovation superficielle sans amélioration de l’efficacité énergétique, les coûts d’énergie et d’exploitation baissent cependant durablement dans le premier cas. La preuve avec «La maison qui produit du fric», un chalet de 1984 rénové de manière écologique par le bureau Impact Living (voir ci-dessous). Ce bien est désormais quasi autarcique et consomme dix fois moins d’énergie, alors même qu’il est occupé par cinq personnes, contre deux auparavant (grâce à une augmentation de la surface habitable de 60%).

Adapter son logement pour financer ses rénovations

Pensez à densifier votre bien existant ou à séparer votre villa en deux appartements. Les espaces ainsi créés pourront être loués et vous permettront de financer une partie de vos rénovations. Laissez-vous inspirer par l’un des projets exemplaires menés par le bureau Lutz, avec la densification douce d’une maison des années 1960 (voir photos ci-dessus). «En construisant une annexe au rez inférieur et une surélévation en bois à l’étage, les propriétaires ont pu créer deux appartements supplémentaires», explique Fabrice Macherel. «Les recettes locatives de ces logements leur ont permis de financer la transformation. Sans cet apport, la banque n’aurait pas accepté de financer les travaux.»

Réaliser qu’on est gagnant

En matière de rénovation durable, on a plus à gagner qu’à perdre: le confort intérieur est augmenté, la consommation d’énergie est diminuée et les économies financières sont possibles à moyen terme. Rénover de manière durable, c’est également choisir de se libérer de la dépendance aux énergies fossiles, de leur raréfaction et de leurs prix incertains. Et puis, quel agréable sentiment que celui de faire partie de la solution, et non du problème!

PHOTOS: VINCENT LEVRAT • CORINNE CUENDET / LUTZ ARCHITECTES; ILLUSTRATION: NIKOLAI KELER / ADOBESTOCKPHOTO

Également disponible dans:
N° 1 - Septembre 2023
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