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Le vrai/faux du plastique

Recyclage, volumes de déchets, pollution: que savez-vous exactement sur le plastique? Nous avons soumis sept affirmations à une spécialiste, afin d’étoffer nos connaissances en la matière. Faites le test!

Texte Grégoire Egger + Élodie Maître-Arnaud
Publié le
26
/
09
/
2023
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Cet article à été réalisé en partenariat avec:

Le plastique est partout. Plus qu’une assertion alarmiste, c’est simplement un constat. Emballages, jouets, électroménager, appareils électroniques, brosses à dents, pneus, mais aussi matériaux de construction, textiles et même produits cosmétiques. On en trouve également, et c’est plus fâcheux, dans les océans et les espaces sauvages. Bref, le plastique fait partie de notre quotidien, solution ou problème selon où l’on se place dans son cycle de vie.

Loin des images de cours d’eau recouverts de polymères, de tortues emprisonnées dans des emballages de cannettes de soda ou de mouettes à l’estomac rempli de morceaux de filets de pêche, la gestion du plastique en Suisse se révèle plutôt bonne, entre des système de tri, de collecte et de recyclage efficaces et des habitudes bien ancrées parmi la population. Pourtant, de nombreuses croyances demeurent au sujet des déchets plastiques. Jasmine Voide, responsable projets économie circulaire chez SwissRecycling, nous a prêté main-forte pour démêler le vrai du faux.

1  Le «continent plastique» est bien plus vaste que la Suisse

VRAI. «Les chiffres varient selon les sources (on parle de 3,5 millions de kilomètres carrés, soit près de 85 fois la Suisse, ndlr.), mais c’est en effet immense!» confirme-t-elle. «Il faut cependant souligner que ce continent plastique contient sans doute une quantité infinitésimale de déchets suisses, puisque nous les retraitons largement chez nous.» Elle précise encore qu’une dizaine de rivières dans le monde charrient les déchets plastiques vers les océans, contribuant ainsi à l’extension du phénomène. «Elles sont localisées en Asie et en Afrique et, à moins que des déchets plastiques suisses ne soient exportés vers ces régions du monde, notre pays ne contribue pas à ce processus.»

2 Les matières plastiques jetées dans la nature proviennent surtout des emballages

FAUX. En tout cas, pas dans notre pays. Selon un rapport du Conseil fédéral paru l’an dernier, nous rejetons environ 14’000 tonnes de plastiques par an dans l’environnement en Suisse. Et si le littering est toujours un fléau, les emballages jetés n’importe où ne sont pas les seuls responsables de la pollution au plastique; 8900 tonnes proviennent en effet de l’abrasion des pneus. Une quantité non négligeable de ces polluants provient également de matières plastiques présentes dans les déchets verts, de l’abrasion des fibres synthétiques lors du lavage des vêtements ou encore des cosmétiques. «Environ 40% des déchets plastiques sont issus des ménages», ajoute Jasmine Voide. «Mais, en Suisse, d’autres comportements et habitudes impactent bien davantage l’environnement, voyez notamment l’ampleur du gaspillage alimentaire!»

3 Les déchets plastiques ne sont pas problématiques si on les recycle

FAUX. «Le recyclage du plastique est important, mais si on veut vraiment avoir un impact sur notre production de déchets, il faut avant tout se poser la question au moment de l’achat», affirme Jasmine Voide. Le meilleur déchet est en effet celui qui n’existe pas, et des modèles plus responsables se sont développés, comme l’économie circulaire, le réemploi des matériaux et, plus simplement, la réparation des produits abîmés. Il faut savoir aussi que tous les plastiques ne peuvent pas être recyclés, surtout s’il s’agit de plastiques multicouches. À l’heure actuelle, les plastiques recyclables sont, pour l’essentiel, les PET (polyéthylènes téréphtalates), les PEHD (polyéthylènes haute densité), les PP (polypropylènes) ou encore les EPS (polystyrènes expansés). C’est-à-dire qu’après avoir subi un procédé de traitement, ils peuvent entrer dans la composition de nouveaux produits. De plus, tous les plastiques recyclables ne sont pas effectivement recyclés. Ils doivent d’abord être triés et collectés correctement. «La bonne qualité de la collecte détermine celle du recyclage», insiste Jasmine Voide. C’est ce que Swiss Recycling est en train de mettre en place en travaillant avec toute la chaîne de valeur, du producteur aux recycleurs en passant par le commerce de détail, dans le cadre du projet «Collecte 2025».

4 La Suisse produit davantage de déchets plastiques que ses voisins

PEUT-ÊTRE. Selon un rapport récent de l’organisation de protection des mers Oceancare, la Suisse produirait davantage de déchets par habitant que l’Allemagne, l’Autriche, la France ou encore l’Italie. Une affirmation basée notamment sur les chiffres de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV): environ un million de tonnes de matières plastiques sont consommées chaque année dans notre pays, et 790’000 tonnes de déchets plastiques (soit un peu plus de 90kg par habitant) sont générées. «Il est vrai que nous produisons beaucoup de déchets plastiques, mais la gestion de ces déchets est décisive», ajoute Jasmine Voide. Ici, nous avons la chance de bénéficier d’un système de ramassage et de tri permettant d’éviter qu’ils ne finissent dans l’environnement. Quant à savoir si la Suisse dépasse véritablement ses voisins, elle affirme que la façon dont les déchets produits ou recyclés sont comptabilisés varie d’un pays à l’autre, difficile donc de comparer.

5 De grandes quantités de plastiques sont recyclées en Suisse

FAUX. Selon les chiffres de l’OFEV, seulement 9% de la quantité totale des déchets plastiques suisses est transformée sous forme de matière recyclée, soit 70’000 tonnes. Et quelque 6% supplémentaires (soit 50’000 tonnes) sont réutilisés (les textiles, par exemple). «On trie beaucoup, certes, mais tout ne peut pas être recyclé», répète Jasmine Voide. «Mais si l’on parle uniquement du PET, la filière de recyclage est très performante en Suisse; nous arrivons quasiment à un cercle fermé entre les emballages vendus et les emballages recyclés.»

6 En Suisse, on brûle la plupart des déchets plastiques

VRAI. Toujours d’après l’OFEV, les déchets plastiques en Suisse sont incinérés à 83% dans une trentaine d’usines de valorisation thermique des ordures ménagères. Ce qui représente environ 660’000 tonnes par an, auxquelles il faut ajouter environ 10’000 tonnes qui sont incinérées dans des cimenteries. «Il faut toutefois bien comprendre la différence entre incinérer des plastiques dans une usine qui filtre ses émissions, récupère la chaleur afin d’alimenter des bâtiments et produit de l’énergie, et brûler des plastiques soi-même dans sa cheminée, ce qui est d’ailleurs interdit!» souligne Jasmine Voide. Il est également préférable de valoriser thermiquement nos déchets plastiques ici, selon des normes strictes, que de les envoyer à l’autre bout du monde pour un improbable recyclage sur lequel nous n’avons aucun contrôle.

7 Certains cantons interdisent le plastique à usage unique dans le cadre de grands événements

VRAI. «Dans le cadre de grands évènements, de plus en plus de villes et de cantons imposent l’utilisation de vaisselle réutilisable. C’est vraiment une bonne chose pour éviter que les gobelets ou les fourchettes en plastique finissent dans les champs à la fin des festivals, par exemple», relève Jasmine Voide. Depuis le 1er janvier 2020, la ville de Genève interdit ainsi l’utilisation de produits plastiques à usage unique dans le cadre des activités qu’elle autorise sur son domaine public (manifestations, marchés, terrasses de cafés et restaurants, ou encore installations saisonnières). C’est également le cas, dans des conditions diverses, du canton de Neuchâtel, du Jura ou encore de Berne.

PHOTOS: WAYHOME STUDIO / ADOBESTOCKPHOTO

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N° 1 - Septembre 2023
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