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CIRCULER

La fresque de la construction - Jouer pour mieux comprendre

En avril dernier, le campus unlimitrust à Crissier (VD) a accueilli une des premières « fresques de la construction » de Suisse. L’événement, organisé par Romande Energie et REM Real Estate Meeting SA, a rassemblé des professionnels du bâtiment. Une journaliste de GO 2050 y a participé. Voici son retour d’expérience.

Texte Joëlle Loretan
Publié le
31
/
05
/
2024
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Cet article à été réalisé en partenariat avec:

Une quarantaine de professionnels de l’immobilier et de la construction ont répondu présents et les profils sont variés : employés et responsables de départements cantonaux, régies immobilières, bureaux d’architectes ou d’ingénieurs, coopératives, cabinets d’avocats ou compagnies d’assurances. L’objectif ? Prendre conscience des impacts environnementaux de la construction grâce à un atelier ludique et participatif. Autour des tables recouvertes de nappes en papier blanc, on se rassemble par groupes de quatre ou cinq. Les équipes sont formées, la fresque peut débuter.

Cartes sur table

À chaque groupe son « fresqueur » (nom donné à l’animateur). Il commence par distribuer des cartes (42 au total), sur lesquelles figurent des faits et des statistiques clés sur la construction. Chacun lit à haute voix les informations. Et certains chiffres claquent fort, comme lorsqu’on apprend que le sable – indispensable à la fabrication du béton – est la deuxième ressource la plus utilisée au monde après l’eau, ou encore que la Chine, entre 2011 et 2013, a consommé plus de béton que les États-Unis au XXe siècle. On égraine ainsi les informations et on pose progressivement les cartes sur la table en les regroupant par catégories. Petit à petit, le puzzle se compose. L’exercice s’avère d’ailleurs plus complexe qu’il n’y paraît ! Les perceptions personnelles influencent les choix, et l’interconnexion entre le grand nombre de thématiques donne du fil à retorde : réglementations et normes, énergie, qualité de l’air, artificialisation des sols, produits et matériaux, engagements politiques, justice sociale, santé humaine, tout y passe. Après environ une heure, toutes les cartes posées forment un constat global. Reste à établir les liens de cause à effet. Alors on s’empare des stylos, on trace des flèches et des lignes en couleur sur la nappe en papier, les plus créatifs ajoutent des croquis et des dessins. Pour clore l’atelier, une courte discussion permet à chacun d’évoquer les solutions individuelles et collectives envisagées, tout comme les ressentis.

Les échanges au (grand) cœur

Adrien, jeune directeur d’une régie immobilière régionale, explique qu’il est venu pour le partage d’expériences et pour l’approche ouverte : « C’est une manière de sortir du mode conférence académique, où une personne détient le savoir et parle à un public qui écoute, qui sait lire les graphiques et qui comprend les enjeux. Cette forme participative permet de s’impliquer dans les réflexions et favorise le déclic personnel. » « C’est vrai ! » abonde Minh-Luc Pham, le fresqueur qui a accompagné notre groupe. « On retient mieux les informations en manipulant les cartes, en prenant physiquement part au jeu. » Sven, plutôt discret jusque-là, parle à son tour : « Je suis ingénieur et j’avoue avoir hésité à venir, parce que je suis souvent perçu comme un grand méchant bétonneur. J’avais peur de me sentir mal à l’aise, mais, finalement, j’ai beaucoup apprécié ces échanges sans animosité ni jugement. » Lors de l’apéritif partagé en fin de journée, les discussions s’élargissent et les réseaux se tissent. Et tous les échanges qui entourent la fresque sont d’une grande richesse : durant l’atelier, lorsqu’on déplace les cartes et qu’il faut se mettre d’accord, mais également lors des moments informels, où les sentiments se livrent et les retours d’expériences se partagent. Relevons également la satisfaction de constater que le mouvement est amorcé. Il y a quelques années, une telle initiative aurait été perçue comme marginale, Aujourd’hui, deux grands acteurs s’unissent pour influencer leur secteur respectif.

Le mariage de l’atome et de la pierre

Romande Energie, grand groupe énergétique vaudois, est à l’origine de cette fresque de la construction (lire encadré). REM Real Estate Meeting SA, qui fédère des professionnels de l’immobilier et de la construction, s’est chargé de l’organisation. L’union d’un énergéticien et d’un acteur de l’immobilier peut questionner. Mais entre défis de la transition climatique et énergétique et bâtiments qui deviennent producteurs d’énergie, les frontières entre les disciplines deviennent perméables. « Le secteur du bâtiment représente 40% de la consommation totale d’énergie en Suisse, il est le deuxième secteur qui émet le plus de CO2 », précise Tiphaine Roussillon, collaboratrice chez Romande Energie et responsable de l’organisation de cette fresque de la construction. « Il est donc indispensable de déployer un effort rapide et important pour décarboner cette industrie. » Minh-Luc Pham, « fresqueur » et collaborateur chez Romande Energie, rappelle qu’il est indispensable de fonctionner de concert. « La question du bâti s’est complexifiée et l’énergie est devenue centrale. Avoir une pensée globale et systémique sur les questions de rénovation est devenu essentiel, car comprendre ce qui sous-tend le tout facilite la prise de conscience et l’action. Un grand nombre d’acteurs doivent s’aligner pour atteindre des objectifs qui visent une échelle encore jamais vue. Et la fresque est un excellent moyen de sensibiliser les gens et de favoriser un passage à l’action. »

C’est quoi une fresque ?

Cet atelier participatif fait appel à l’intelligence collective d’un groupe afin de sensibiliser sur les enjeux du changement climatique. L’idée a germé en 2015 dans l’esprit de Cédric Ringenbach, alors directeur de The Shift Project (France). S’appuyant sur les données du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), il crée les cartes qui composeront la fresque du climat. Depuis, les thématiques se sont élargies (construction, biodiversité, numérique, mobilité, etc.). La fresque de la construction a quant à elle été créée en 2020 par des animateurs bénévoles français de la fresque du climat, également professionnels de la construction. En 2023, l’atelier a été adapté pour la Suisse par des collaborateurs de Romande Energie.

www.fresquedelaconstruction.org

C’est quoi une fresque ?

Cet atelier participatif fait appel à l’intelligence collective d’un groupe afin de sensibiliser sur les enjeux du changement climatique. L’idée a germé en 2015 dans l’esprit de Cédric Ringenbach, alors directeur de The Shift Project (France). S’appuyant sur les données du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), il crée les cartes qui composeront la fresque du climat. Depuis, les thématiques se sont élargies (construction, biodiversité, numérique, mobilité, etc.). La fresque de la construction a quant à elle été créée en 2020 par des animateurs bénévoles français de la fresque du climat, également professionnels de la construction. En 2023, l’atelier a été adapté pour la Suisse par des collaborateurs de Romande Energie.

www.fresquedelaconstruction.org

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Renseignements: https://lp.romande-energie.ch/fresque-construction/

Également disponible dans:
N° 3 - Mai 2024
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